A.H.A.V.

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LE XXème ARRONDISSEMENT RICHE
D'HISTOIRE ET DE CULTURE

Si le XXème arrondissement a été longtemps défavorisé et si, traditionnellement on considère qu'il est composé de quartiers "populaires", il n'en est pas moins porteur d'un passé prestigieux et d'une vie sociale et culturelle dynamique.

La présence humaine sur les lieux remonte au moins à l’époque gallo-romaine, période où des sources sont déjà captées.

On dit que saint Germain, évêque d'Auxerre, rencontra en 429 sur le site de Charonne, sainte Geneviève, qui deviendra plus tard la patronne de Paris.

 

C'est pour célébrer cet événement que fut construite au XIIème  siècle l'église Saint-Germain de Charonne.

 

Cet édifice religieux est  l'un des plus anciens de la capitale.

 


Sainte Geneviève


Eglise Saint Germain
de Charonne

L'origine du nom "Ménilmontant" remonte quant à lui à une charte de 1224 mentionnant "Mesniolum mali temporis" (Villa  du mauvais temps"). Un autre document de 1231 cite "Mesnilium Mautenz", qui se transformera en "Mesnil Montant" au XVIe siècle, en corrélation avec la hauteur du lieu.

Le territoire de l'actuel XXème  comptait autrefois deux châteaux importants : celui de Charonne, bâti à la fin du XVIe siècle, et celui de Ménilmontant, édifié une centaine d'année plus tard pour l'intendant des Finances Michel le Peletier. Le parc du château de Bagnolet était d'autre part situé en partie sur le territoire de Charonne. La duchesse d'Orléans y fit construire en 1734 le Pavillon de l'Ermitage, qui subsiste encore dans l'espace vert Debrousse.

C'est dans le XXème  que se trouvaient les plus anciennes "Folies" (maison d'agrément avec jardin de style) de Paris: la Folie Regnault et la Folie Mericourt. La première fût achetée en 1626 par les Jésuites pour y installer une résidence de campagne. Ce lieu est nommé "Mont-Louis" en 1652 puis "Père La Chaize" en 1675, car c'est alors la demeure du révérend Père François d'Aix de la Chaize, confesseur de Louis XIV.

Au début du XVIIIème siècle, Belleville et Charonne sont encore des paroisses rurales: le paysage est composé, autour des résidences de prestige évoquées plus haut, de vignes, vergers, champs, moulins à vent et carrières à plâtre.

Les deux villages étant très prisés, de nombreuses bâtisses vont s'élever pendant tout le siècle, certaines se distinguant par leurs qualités architecturales, telles que le pavillon Carré de Beaudouin, rue de Ménilmontant, dont la façade a été réalisée dans un style néoclassique.
 


 

Jean-Jacques Rousseau aimait à se promener et à herboriser aux alentours de ces demeures et décrivit les lieux encore verdoyants dans les "Rêveries du promeneur solitaire" (1782) et les "Confessions" (1782-89).

Après la loi du 14 décembre 1789 ayant érigé les anciennes paroisses en communes, Belleville se dote en 1790 de sa première mairie, située à l'angle des rues de Belleville et de Palestine.

 

Deux ans après, les hauteurs de Ménilmontant se prêtent à l'expérience du télégraphe optique de Claude Chappe.

L'invention était installée dans le parc du château de Louis Le Peletier de Saint-Fargeau.

Mais les Bellevillois, croyant que l'installation avait pour but d'échanger des signaux clandestins avec la famille royale emprisonnée au Temple, envahirent le parc et détruisirent le télégraphe...

Celui-ci fut toutefois remis en place en 1793.

 

 

C'est sur une autre colline, celle qui avait appartenue au Révérend Père de La Chaize que fut créé en 1804 le cimetière de l'Est.

De nombreux personnages célèbres sont inhumés dans le cimetière du Père-Lachaise.

Citons :

 


Eloïse et Abelard
 


Honoré de Balzac


Gérard de Nerval

Frédéric Chopin

Sarah Bernhardt

Alain

Tout le XIXème  siècle fut ponctué d'événements importants pour la situation de Belleville et Charonne. Ainsi, en 1841, c'est la construction de l'enceinte fortifiée de Thiers, longée à l'intérieur par une route militaire.

En 1860, les communes limitrophes de Paris sont annexées, parmi lesquelles Belleville et Charonne, et le XXème  arrondissement est créé. De 1867 à 1877 furent réalisés les travaux de la nouvelle mairie du XXème , sur les plans de Claude Augustin Salleron.

L'arrondissement tint un rôle important lors de la Commune de Paris. Une bonne partie de l'artillerie militaire que Thiers voulait récupérer était en effet stationnée sur les hauteurs de Belleville. C'est en réponse aux répressions des Versaillais que les Communards décidèrent de prendre une cinquantaine d'otages qui furent exécutés rue Haxo, le 26 mai 1871.

Le cycle de la violence fut impitoyable : le 27 mai, des combats acharnés opposent les deux camps jusque dans le cimetière du Père-Lachaise, et le 28, c'est dans le même lieu, devant le "Mur des Fédérés", que les Versaillais fusillèrent 147 prisonniers communards.

Après ces événements dramatiques qui marquèrent l'histoire jusque là relativement calme de Belleville et Charonne, l'arrondissement continua son développement, accueillant une population ouvrière que la Révolution industrielle réclamait encore. 

Des industries variées seront en effet nombreuses à s’installer dans ces anciens villages aux XIXème et XXème siècles, depuis l’ébénisterie jusqu'à la chaussure, en passant par les machines Bull ou les automobiles Serpollet.

Dès 1903, les libres-penseurs du 20ème organisent avec un vif succès des réunions afin de réclamer une loi sur la laïcité.

Durant la Seconde Guerre mondiale, beaucoup de ses habitants sont déportés et de nombreux groupes de Résistants s’y battent contre l’occupant.

L'arrondissement associe par ailleurs depuis longtemps liberté d’expression et arts populaires; ainsi, les théâtres y tiennent une place particulière. Ils avaient auparavant pour nom "Les Folies Belleville", ou "Le Théâtre de Belleville". Détruits ou affectés à d'autres activités, ils ont passé le flambeau à de nouvelles salles de spectacles, comme le Théâtre de l'Est Parisien ou le Théâtre National de la Colline.

"La Bellevilloise", coopérative ouvrière fondée en 1877, contribuera aussi à la culture et au savoir avec sa bibliothèque, ses conférences ou ses cours d’espéranto.

Aujourd'hui, le XXème  arrondissement est le cadre de nombreuses initiatives locales, notamment culturelles, qui permettent de redécouvrir ce qui a fait le charme de ces quartiers depuis leurs origines.

S'appuyant sur leur histoire, mais aussi sur leur tradition de progrès, les anciennes communes de Belleville et de Charonne montrent donc leur dynamisme et leur volonté de mieux se faire connaître.

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