A.H.A.V.
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Le 20eme arrondissement, terre de théâtre
Le 20eme
arrondissement présente la caractéristique de proposer une offre de
spectacles bien supérieure à celle de bon nombre d’arrondissements
parisiens.
Cette spécificité
n’est pas nouvelle ; cette partie de Paris, même avant 1860, du temps où il
y avait encore les anciens villages de Belleville et de Charonne, a toujours
semblé être une terre d’élection... pour le théâtre et plus généralement
pour la fête.
Guinguettes et patronages
Déjà, sous l’Ancien Régime, alors que les
vins entrant dans Paris sont frappés d’une taxe qui enchérit leur prix, hors
des barrières, nombreux sont les marchands de vin.
Mais, dans les guinguettes, on ne fait
pas que boire ; on écoute de la musique, on chante et il suffit de pousser
les tables pour improviser un bal, tandis que montreurs d’animaux et
saltimbanques dressent leurs tréteaux. En fin de semaine, les Parisiens aiment à venir se divertir à la Courtille, dont les cabarets sont fameux, comme celui de Ramponneau. Bientôt, la célèbre « descente de la Courtille », au soir du Mardi-Gras, est un rendez-vous obligé des élégants et des fêtards parisiens.
C’est en 1828 qu’un premier théâtre s’ouvre à Belleville, à l’emplacement du 46 rue de Belleville (cour Lesage). Pour les récompenser d’avoir révélé l’emplacement de l’ensevelissement des dépouilles de Louis XVI et de Marie-Antoinette, les frères Seveste reçoivent le privilège d’ouvrir des théâtres dans les communes de la proche banlieue.
Jusque dans les années 1960, le Théâtre de Belleville tient une place considérable dans la culture bellevilloise, longtemps comme scène où se produisent les meilleurs artistes des théâtres de Paris, souvent dans un répertoire de drames historiques et sociaux et de mélodrames à succès, puis comme cinéma.
Il ferme définitivement ses portes en
1964 et disparaît sous la pioche des démolisseurs. Tout comme la pratique musicale, les activités théâtrales sont très à l’honneur, pour leurs qualités pédagogiques, dans les patronages de jeunesse, qu’ils soient religieux ou socialistes.
Ainsi, la Bellevilloise (19-25, rue Boyer), coopérative ouvrière de consommation qui, entre 1900 et 1936, entretient des œuvres sociales actives très fréquentées des jeunes Bellevillois, a une troupe théâtrale, la Muse bellevilloise, qui anime ses soirées et remporte de nombreux succès.
En 1902, y apparaissent les premiers tableaux vivants de la Passion, qui, trente ans plus tard, en 1932, se mueront en la fameuse «Passion à Ménilmontant», œuvre collective des habitants d’un quartier. L’actuel Théâtre de Ménilmontant situé au 15 rue de Retrait est l’héritier de cette tradition.
Un nouvel essor
Bientôt, le ministère de la Culture
subventionne la Guilde en tant que troupe permanente et l'installe, en 1963,
rue Malte-Brun, dans un ancien cinéma de quartier rénové, le Zénith. C’est
le Théâtre de l’Est parisien (TEP) que Guy Rétoré dirige jusqu’en 2001.
Dans
la lignée de Jean Vilar, il y développe dans un quartier populaire une
remarquable expérience de théâtre engagé, exigeant et chaleureux ouvert à
tous.
En 1989, alors que le TEP s’est
transporté au 159 avenue Gambetta, dans la salle de répétition dont il
dispose depuis 1984 à cette adresse, le ministère de la Culture installe rue Malte-Brun, dans un nouveau bâtiment dû aux architectes Valentin Fabre et
Jean Perrottet, le théâtre national de la Colline, consacré aux écritures
théâtrales et à la dramaturgie contemporaines (XIXeme et XXeme siècles).
Mais,
hormis les lieux officiellement consacrés au théâtre qui ne manquent pas
dans l’arrondissement, il suffit d’une simple déambulation au gré des rues
du 20eme pour plonger dans
l’univers magique du spectacle. Nombreux sont les artistes qui se sont produits avec succès sur les scènes parisiennes, et aussi à Belleville.
Nombreux aussi les auteurs qui ont écrit pour le théâtre ou l’opéra, comme René-Charles Guilbert de Pixerécourt (1773-1844).
Enfin,
l’esprit des lieux a conservé le souvenir de fantômes charmants, comme ceux
de l’auteur d’opéras-comiques Charles Simon Favart (1710-1792) et de sa
femme, la danseuse et actrice Justine Duronceray-Favart (1727-1772), qui
avaient choisi le village de Belleville pour retraite champêtre.
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